Connaissances, compétences et difficultés des conseillers

Sam-Michel Cembalo explique les différents types de connaissances nécessaires pour faire du conseil.

Transcription

Une partie de ce qu’on essaie d’apporter aux apprenants c’est des connaissances sur comment on apprend une langue, des connaissances sur qu’est-ce qu’on a comme moyens pour apprendre une langue, des connaissances sur qu’est-ce que c’est qu’une langue, comment ça fonctionne, comment ça fonctionne à la fois en termes de construction, de mécanique linguistique, ou alors en termes de comment ça fonctionne dans la tête, c’est-à-dire qu’est-ce qu’on fait en réalité quand on utilise une langue, en particulier une langue étrangère.

Il arrive que le conseiller intervienne avec un apprenant qui apprend une langue que le conseiller ne connait pas, ou ne connait que de manière très très partielle. Il n’y a pas besoin d’être un expert dans la langue que l’apprenant veut maitriser pour être conseiller. Par contre il y a besoin d’avoir des connaissances sur les ressources possibles pour apprendre cette langue.

Les partie théoriques ça se passe sur deux niveaux, le niveau psycho-linguistique, c’est-à-dire qu’est-ce que c’est que parler une langue étrangère, qu’est-ce que c’est qu’apprendre une langue étrangère, qu’est-ce que c’est qu’utiliser une langue d’une manière globale, comment c’est fabriqué. Et en dehors de la psycho-linguistique, au niveau de la langue elle-même comment ça marche une langue comment on s’en sert. En dehors des images traditionnelles de la grammaire le vocabulaire qu’est-ce que c’est qu’utiliser une langue, qu’est-ce que ça implique comme activités et qu’est-ce que ça implique derrière comme type de connaissances. Et puis un autre domaine sur lequel il y a une nécessité de connaissances pour un conseiller c’est l’apprentissage. Qu’est-ce que c’est qu’apprendre, qu’est-ce ce qui se passe quand on apprend, éventuellement quels sont les points qui font problème dans un apprentissage. Donc d’une manière générale connaitre sur le plan théorique avec plus ou moins d’approfondissement le fonctionnement de la langue, de l’apprentissage et de la communication globalement en langue étrangère.

Des connaissances sur comment se passe l’apprentissage, quels sont les facteurs qui entrent en jeu dans l’apprentissage. Des connaissances sur comment fonctionne une langue, comment elle fonctionne au sens mécanique, qu’est-ce que c’est qu’une langue comment s’est constitué comment c’est agencé. Et il y a une deuxième dimension de comment fonctionne une langue, c’est pratiquement comment on s’en sert. Il y a des choses qui sont pas toujours très très évidentes pour les apprenants, des choses aussi basiques que on parle pas comme on écrit, on écrit pas comme on parle. Quand on le dit ça a l’air évident mais en termes de pratique et de mise en œuvre, ça n’est pas aussi évident que ça. Donc ça fait partie d’un arrière-plan théorique à maitriser, sur la manière dont fonctionne une langue, donc on a l’apprentissage, la langue elle-même et le fonctionnement de la langue.

Emmanuelle Carette explique les différents types de connaissances mobilisées pendant le conseil.

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Il y a des compétences de type je dirais scientifiques, de spécialité, il faut connaitre assez bien ce qu’est une langue du point de vue d’un didacticien, du point de vue de celui qui veut apprendre une langue, une langue n’est pas qu’un code linguistique, c’est aussi une pratique sociale, on ne dit pas n’importe quoi à n’importe qui à n’importe quel moment. C’est aussi un vecteur de culture, les mots dans une langue ne signifient pas forcément exactement la même chose dans une autre, ils sont porteurs d’éléments culturels. Donc voilà toutes ces compétences disons linguistiques, mais aussi socio-linguistiques, psycho-linguistiques aussi, le fait que une langue c’est pas la même chose de la comprendre ou de s’exprimer avec, de la travailler à l’oral, à l’écrit, etcetera, donc voilà, toutes ces compétences là qu’on pourrait récapituler grosso modo en compétences linguistiques. Du point de vue théorique c’est tout cet ensemble de connaissances de spécialité dont j’ai déjà parlé donc les connaissances sur ce qu’est une langue, sur ce qu’est apprendre une langue, ce qu’est acquérir une langue, on fait la distinction entre acquérir et apprendre, donc acquérir renvoie plutôt à ce qu’on sait de ce qu’il se passe dans la tête de la personne lorsqu’elle passe d’un stade où elle ne sait pas quelque chose à un stade où elle le sait, mais ce fonctionnement est totalement inconscient et involontaire, c’est ce qu’on appelle l’acquisition. Du point de vue de l’apprentissage c’est plus justement du domaine de la méthodologie, quelles sont les activités dans lesquelles on peut s’engager pour apprendre, consciemment, volontairement, quelque chose dans le but de l’acquérir. Il faut donc des connaissances linguistiques, des connaissances sur l’acquisition, des connaissances sur l’apprentissage. Quand j’ai dit linguistique j’intègre tout ce qui est fonctionnement non seulement linguistique à proprement parler mais social, de la langue, pragmatique.

Claude Normand explique ce que le conseiller doit savoir pour être capable d’interpréter les représentations des apprenants sur l’apprentissage.

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Toute la question va être de détecter dans le discours de l’apprenant ses représentations. Encore faut-il avoir les référents nécessaires pour le faire. Lorsqu’un jeune laisse entendre que pour lui la langue c’est un paquet de mots, parce que c’est souvent comme ça qu’ils se représentent la langue par exemple, que c’est un paquet de mots et que à un mot du français correspond un mot de la langue étrangère qu’on apprend et bien il y a de l’ouvrage. Mais si on n’a pas soi-même une claire idée de ce que c’est qu’une langue et de ce que c’est que la langue dans le rapport interindividuel, etecetera, on n’arrivera pas à l’aider à construire par rapport à ça. Donc évidemment, qu’il s’agisse de socio-linguistique, de psycho-linguistique, on a là des données essentielles pour l’aider justement pour soi-même déterminer quels sont les terrains sur lesquels il faut travailler avec lui et puis ensuite pour donner des pistes. Parce qu’il y a aussi tous les savoirs nécessaires en termes de didactique pour l’aider à faire les choix. Evidemment sans arrêt on se retrouve en présence d’apprenants qui n’ont pas conscience de ce que c’est par exemple que de comprendre qu’est-ce que c’est que comprendre, comment est-ce que je vais apprendre à comprendre. C’est une chose qu’ils ne se posent jamais dans leur tête. Chez des ados, pour eux, comprendre c’est quelque chose qui relève de l’ordre de la magie. D’ailleurs souvent quand ils commencent, qu’ils viennent nous voir pour la première fois, ils disent moi je veux savoir parler. Quand on se représente un apprentissage de langue quand on est ado, c’est parler la langue, c’est pas la comprendre. Or, voilà par exemple une donnée essentielle, quand ils ont compris que la compréhension c’était une compétence enveloppante par rapport à la production, on a déjà fait beaucoup de chemin. Donc évidemment ça demande d’avoir une claire idée des démarches didactiques qu’il convient d’avoir pour construire ça.

Claude Normand explique ce qu’il trouve difficile dans la pratique de conseil.

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C’est-à-dire quand on a été soi-même prof et qu’on a usé voire abusé quelques fois de l’argument d’autorité, parce que c’est facile en classe de dire c’est comme ça quoi, y a pas de garantie d’apprentissage derrière mais on le fait, donc quand on a soi-même eu ce rapport aux choses, ce rapport aux gens et ce rapport à l’apprentissage, ce qui est difficile c’est justement de s’inscrire dans le mouvement, d’aider quelqu’un à apprendre simplement en lui disant ce qu’il est, en l’aidant à comprendre ce qu’il peut faire, mais sans jamais lui dire voilà comment je ferais moi quoi. C’est pas ça le but de l’opération, c’est de l’aider à chercher en lui les potentialités. C’est difficile mais c’est passionnant.Ce qu’il faut mobiliser comme savoirs et savoir-faire pour essayer d’aider les gens sans en étant le plus efficace possible c’est-à-dire comprendre au mieux la façon qu’ils ont d’appréhender les choses et puis ensuite épouser le mouvement mais sans le diriger c’est difficile.

Sam-Michel Cembalo explique ce qu’il trouve difficile dans la pratique de conseil.

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La difficulté c’est de répondre en gardant toujours à l’esprit l’idée de comment est-ce que je vais apporter une information d’une manière qui va être un instrument pour l’apprenant pour son apprentissage futur. Comment est-ce que je vais stratégiquement ou tactiquement comment est-ce que je vais formuler ce que je dis pour que ce soit un instrument pour l’apprenant et non pas juste une information.C’est facile d’avoir les réponses, la partie difficile c’est de les avoir et de pas les dire et il y a besoin de se surveiller sans arrêt enfin moi c’est mon problème c’est de surveiller sans arrêt que je dis pour que ce que je dis puisse servir comme outil d’apprentissage ultérieur et non pas comme simplement instrument de réponse sur le moment à la question qui est posée.

Emmanuelle Carette explique ce qu’elle trouve difficile dans la pratique de conseil.

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Le plus difficile c’est peut-être là aussi un aspect relationnel, c’est-à-dire on est dans une relation à deux, interindividuelle, et il y a des cas où le courant passe pas. La personne en face n’est pas réceptive, nous même on a un peu de mal avec tel et tel aspect de cette personne, voilà, donc ça c’est le coté difficile pour moi, c’est inverser un à priori que je pourrais me faire sur les premières minutes ou les premiers quarts d’heure, où je me dis « ça va pas être facile avec cette personne là », voilà donc ce qui est difficile après c’est d’inverser la tendance, d’ouvrir grand ses oreilles et d’aller dans ce qu’est la personne en question pour réussir, voilà partir, s’ancrer dans ce qu’elle dit dans ce qu’elle est et ne pas avoir de blocage par rapport à une personne.

Sam-Michel Cembalo explains what he finds difficult about being a consultant.

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The difficulty lies in answering, always bearing in mind the idea of how I’m going to provide information in a way that will be a tool for the learner’s future learning. How am I going to strategically or tactically formulate what I’m saying so that it’s a tool for the learner and not just information? It’s easy to have the answers, but the difficult part is to have them and not say them, and you have to keep a constant eye on yourself – well, that’s my problem – I have to keep a constant eye on what I’m saying so that what I say can be used as a tool for further learning and not just as a tool for answering the question at the time.

Les compétences et connaissances des conseillers

De nombreux auteurs affirment qu’une des compétences essentielles des conseillers est l’écoute :

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